Comment reconsidérer notre planète en s’intéressant à son passé ?

La vision que l’on a sur le monde actuellement est très importante pour les actions futures. Avec le réchauffement climatique et la fonte des glaces, la biodiversité est en mauvaise posture, et l’on se demande comment agir aujourd’hui, à différentes échelles : individuellement, au niveau d’un Etat et au niveau du monde.

Et si je vous proposais de prendre du recul en prenant une vision lointaine et globale afin de reconsidérer notre planète, c’est ce que je vous conseille avec le livre de Tim Flannery, Le Supercontinent : Une histoire naturelle de l’Europe. Ce paléontologue propose une lecture à travers les époques, les épreuves et la biodiversité. Il se concentre sur les bouts de terres qui font aujourd’hui ce qu’est l’Europe. Cet ouvrage permet d’avoir de nombreuses réflexions sur notre monde actuel et je pense, permet de mieux reconsidérer le monde qui nous entoure et toutes les espèces, y compris les humains, ont une place à part entière dans cet écosystème.

L’Europe est grande dans son histoire, dans sa nature et sa biodiversité.

Tim Flannery commence dans une période comprise entre 100-34 millions d’années avant notre ère, pour aller progressivement vers les 38 000 années avant notre ère et se rapprocher de l’Europe que l’on connaît de nos jours, qui est totalement peuplée – colonisée – par l’espèce humaine. Plus précisément, il divise son livre en quatre périodes – quatre grandes parties : l’archipel tropical, un continent en formation, les cycles glaciaires et l’Europe des hommes. 

Dans cette longue traversée du temps, des temps géologiques, nous voyageons avec les mots de l’auteur sur les terres des anciens temps. Nous observons le mouvement des îles et des continents, la formation de ce que sera l’Europe, mais également toute la biodiversité qui les peuple. Mais tout n’est pas tout rose, car ces mouvements des plaques provoquent des activités volcaniques, des changements climatiques et des impacts sur la planète mais également sur la vie.

Nous assistons, au même titre, à l’extinction des dinosaures par un astéroïde. Ce dernier dévaste la planète et change les conditions de vie. Nous voyons également quels sont les survivants et comment ils survivent pour évoluer par la suite.

En dehors des dinosaures, de nombreuses espèces peuplent la Terre pour évoluer vers ce que l’on connaît aujourd’hui. La description porte sur les conditions de vie, l’évolution, les migrations et parfois l’extinction. Nous rencontrons des espèces dont nous côtoyons les ancêtres de nos jours – notamment les crapauds accoucheurs ou encore les grands singes, en passant par des tortues, des oiseaux et des salamandres – et j’en passe. 

Ce que nous montre Tim Flannery, c’est la diversité des îles et des terres. Il nous parle notamment de deux régions des anciens temps : Hateg et les îles au Tethys, dont les conditions et la biodiversité sont distinctes. Cela peut nous évoquer la diversité que l’on connaît en Europe de nos jours, mais également, sur l’ensemble des continents, sur la Terre, sans oublier les fonds marins.

L’auteur pointe la migration constante des espèces, notamment au Miocène (23 à 5,3 millions d’années avant notre ère) en Europe.

La Terre est une planète riche par la vie, la nature qui la recouvre, les phénomènes climatiques, terrestres et marins ; l’espace en grande quantité qu’elle propose ; ses mouvements, que ce soit par les plaques tectoniques, par les migrations des espèces, et par les changements au cours du temps.

Pour s’aider avec le récit, il propose des repères avec les périodes géologiques et les dates, mais aussi des cartes en transparence avec notre carte actuelle. Et parfois on y trouve des illustrations d’espèces.

Cette histoire naturelle de l’Europe est portée par un regard d’un paléontologue australien passionné. Dans la préface, Ronan Allain, son confrère paléontologue, présente notamment l’auteur de l’ouvrage, son parcours. Tim Flannery propose sa vision certes passionnée, mais également par la découverte d’un continent qui lui est méconnu, ou presque.

Il s’appuie sur ses recherches, ses connaissances et de nombreux ouvrages. En plus de décrire cette traversée des temps géologiques, il décrit la paléontologie, la paléobiologie et la géologie, à travers les recherches de nombreux chercheurs, des fouilles. Il ajoute à cela, des anecdotes sur ces chercheurs, leurs travaux, les conflits entre eux à propos des recherches. Tout en expliquant le nom des périodes et les raisons qui produisent un changement de période. 

Je voudrais conclure avec une citation page 66 de ce livre, qui je trouve, résume très bien le livre et l’histoire naturelle de l’Europe – qui plus est de la planète même.

« Cette Europe d’« il était une fois » peut nous sembler exotique, et peut-être avons-nous l’impression qu’elle présente davantage de points communs avec l’Australasie, par exemple, qu’avec l’Europe d’aujourd’hui. Mais dès ce stade précoce, il est possible d’identifier les fils rouges qui la relient à une Europe plus récente. Pour commencer, sa nature extrêmement variée. A l’aube de l’Europe, ce sont les espèces de grands reptiles qui varient d’une île à l’autre. De nos jours, des langues et des cultures humaines distinctes coexistent à l’intérieur et au-delà de ses différentes frontières. A l’époque comme aujourd’hui, l’Europe est une terre d’un dynamisme exceptionnel, une terre d’immigration massive où les espèces arrivent et trouvent leur place parmi les habitants européens s’adaptent aux conditions locales et contribuent à remodeler le continent. »

Bibliographie : 

FLANNERY Tim, Le supercontinent : Une histoire naturelle de l’Europe, Champs sciences, Ed. Flammarion, 2021. 416p.