Un marathon au lit pour un marathon réussi ?

Toujours le même débat avant une compétition sportive : les biens faits de l’abstinence sexuelle sur les performances sportives. À travers une exploration des données scientifiques disponibles, démystifions cette croyance largement répandue ! Quel est l’impact du sexe sur la performance athlétique ? Comprenons cette dynamique complexe entre la sexualité et le sport.

Il y a quelques jours, lors d’un café avec votre ami, la conversation dériva naturellement vers le domaine sportif après quelques échanges mondains. Votre ami préparait activement un marathon, et vous étiez curieux de sa stratégie de préparation. Imaginez la surprise lorsque, au lieu de discuter de régimes alimentaires ou de routines d’entraînement, il évoqua l’abstinence sexuelle.

Pourtant la pratique est courante. Demandez autour de vous, vous seriez étonné !

Bien que le mythe de l’abstinence sexuelle avant une compétition soit largement répandu, il semble être plus basé sur des récits populaires que sur des faits scientifiques établis. La croyance bat la controverse scientifique.

Décryptage de l’abstinence sexuelle dans le sport à travers les données 

Cette pratique est courante dans le domaine du sport. Pourtant, elle n’est pas validée scientifiquement.  Il n’y a aucune conclusion définitive sur le sujet. Pourquoi cette croyance perdure dans ce cas ?

Dans le domaine du sport, où les résultats peuvent varier en fonction de nombreux facteurs (type de sport, niveau de compétition, caractéristiques individuelles des athlètes, etc), l’utilisation de méta-analyses est l’approche méthodologique pertinente. Cela permet une vue d’ensemble complète et précise des preuves disponibles, au lieu de se fier uniquement à une seule étude.

Imaginez que vous aviez plusieurs pièces d’un puzzle. Chaque pièce représente une étude différente sur l’effet de l’abstinence sexuelle sur la performance sportive. Une méta-analyse permet de rassembler toutes ces pièces pour former une image complète.

La tendance générale des méta-analyses sur l’abstinence sexuel indique que les relations sexuelles survenues au moins 10 à 12 heures avant les épreuves sportives n’ont pas d’impact négatif sur les résultats des tests physiologiques, et éventuellement sur les performances sportives. Toutefois, il pourrait y avoir des effets négatifs si les rapports sexuels ont lieu immédiatement ou quelques heures avant l’épreuve. [1]

Néanmoins, la méta analyse de Gerald S. Zavorsky et Rebecca A. Brooksen en 2022 [2] remet en question les études sur le sujet : la qualité méthodologique des études menées est assez faible. Ces recherches sont principalement basées sur des études de qualité médiocre et présentent une grande hétérogénéité dans leur conception.

C’est un défi d’étudier les performances sportives après un acte sexuel ! Il est difficile de contrôler tous les facteurs liés à un tel comportement sexuel, tels que l’heure de la journée, la fréquence et la durée de l’activité sexuelle, ainsi que les variables individuelles comme la fatigue, le stress et la réponse individuelle à l’activité sexuelle.

Alors si la science ne répond pas à la question, que disent les sportifs ?

Quand la Science ne suffit pas : les voix des sportifs

Mohamed Ali avec ces 6 semaines d’abstinence avant ces combats faisait frémir tous sportifs.

Pourquoi un tel dévouement, avez-vous demandé à votre ami. Il paraitrait qu’une activité sexuelle avant un événement sportif pourrait le fatiguer et réduire son agressivité lors de la compétition. En choisissant l’abstinence, il espérait maintenir un niveau élevé d’agressivité en préservant sa testostérone pour l’événement sportif à venir. Ce mythe pourrait trouver ses origines dans l’idée selon laquelle la frustration sexuelle conduit à une agressivité accrue et que l’éjaculation élimine la testostérone du corps. [3]

Pourtant, des exemples illustrent l’aspect discutable de cette croyance. Marty Liquori, un coureur recordman de 5 000 mètres, estime que “le sexe rend heureux, et les gens heureux ne courent pas des milles en 3:47“. De même, l’athlètes David Wottle, ancien champion olympique du 800 mètres, attribue une partie du succès olympique à ces relations sexuelles la veille de compétition.

Il semblerait que ce soit une préoccupation masculine de vouloir performer à tout prix dans le sport… Mais soit. Si l’absence de sexe permet aux uns de réussir leur courses grâce à leurs précieuses testostérones et aux autres de dormir paisiblement la veille, il est évident qu’une grosse partie des performances se jouent dans le psychologique des sportifs.

Conclusion

Bien que la croyance de l’abstinence sexuelle avant une compétition soit largement répandue, les preuves scientifiques actuelles ne la soutiennent pas de manière concluante. Alors que les études physiologiques semblent indiquer que le sexe la veille d’un événement sportif n’affecte pas significativement les performances, il reste encore des questions ouvertes concernant les effets psychologiques.

Le croyance perdure car elle n’est pas réduite à néant par un consensus scientifique mais reste alimenté par les discours subjectifs des sportifs. 

Ami coureur du dimanche, vous pouvez avoir la conscience tranquille et garder vos habitudes sexuelles avant un 10 km !

 

Bibliographie:

[1] McGlone, Samantha ; Shrier, Ian MD, Ph.D.(2000) Le sexe la veille de la compétition diminue-t-il les performances ?, Journal clinique de médecine du sport 10(4) :p 233-234 https://journals.lww.com/cjsportsmed/Fulltext/2000/10000/Does_Sex_the_Night_Before_Competition_Decrease.1.aspx

[2] Zavorsky GS, Brooks RA. The influence of sexual activity on athletic performance: a systematic review and meta-analyses. Sci Rep. 2022 Sep 16;12(1):15609. doi: 10.1038/s41598-022-19882-2. PMID: 36114261; PMCID: PMC9481637.

[3] Batona, G., Coulibaly, A., Dupéré, S., Guillaumie, L., & Ndjepel, J. (2015). 17. Les rapports sexuels avant une compétition nuisent à la performance sportive. In Des idées reçues en santé mondiale (1‑). Presses de l’Université de Montréal. https://doi.org/10.4000/books.pum.3654

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