Vers une science plus inclusive

Combien de parents des enfants autistes n’ont jamais osé traverser la frontière d’une institution culturelle par peur que leurs enfants soient accusés d’un manque de culture ? 

Une science adaptée à ceux qui ne peuvent pas se comporter comme les autres

Dans le cadre de la journée mondiale de sensibilisation à l’autisme, le 2 avril dernier, le Vaisseau a accueilli des enfants autistes accompagnés de leurs parents. Les membres de l’association “Autismes Aujourd’hui” ont joué le rôle de médiateur dans les différentes expositions temporaires du musée. De fait, le personnel du Vaisseau avait identifié un créneau horaire, plus calme, en fin de journée afin d’accueillir ces familles.

ll convient de rappeler que l’autisme est un trouble envahissant du développement qui se manifeste au cours de l’enfance et persiste à l’âge adulte. Or, les représentations collectives confondent autisme, violence et comportements inappropriés¹. Certes l’autisme est un handicap de la socialisation et de la communication, toutefois il ne caractérise pas toujours par des troubles du comportement. En effet, toutes les personnes ayant un trouble autistique ne sont pas forcément agitées.  A travers l’exemple du Vaisseau, il apparaît que les médiateurs scientifiques se sont adaptés aux besoins des familles.

Un parcours sensoriel ouvert aux malvoyants et non-voyants 

Le musée zoologique de Strasbourg a organisé une exposition multisensorielle spécifiquement pour enfants voyants et non-voyants de mai 2001 à janvier 2002. Cette exposition intitulée “Je touche, tu vois, nous découvrons les animaux” est une initiation aux principes de la classification des vertébrés permettant ainsi au public d’aborder la notion de biodiversité. L’Arche de Noé, symbole de la préservation des animaux, a été choisie comme fil conducteur de l’imaginaire. Les concepteurs ont privilégié une approche tactile et proposé plusieurs documents sonores. Il convient de noter qu’être malvoyant, c’est avoir une acuité visuelle du meilleur œil après correction comprise entre 4/10e et 1/20e. La cécité correspond à une acuité inférieure à 1/20e. 

Une démarche d’intégration collective  

Certes l’exposition a été conçue pour un public aux besoins spécifiques, mais le musée voulait faire de cette exposition une rencontre entre différents publics. Pour ce faire, le musée avait mis en place des ateliers. Dans leur évaluation, les concepteurs montrent qu’ils étaient surpris de constater, dans l’exposition, que les enfants voyants ne s’apercevaient pas qu’ils côtoyaient des camarades non-voyants et mal-voyants.

“Les handicapés à long terme ne sont ni malades ni en bonne santé, ni vivants ni morts, ni en dehors de la société ni pleinement à l’intérieur.”

Robert Murphy
The Body Silent, 1987.

Ainsi, à travers leurs actions, ces deux musées ne se limitent pas à des objectifs de plaisir et de divertissement, mais s’ouvre à un projet à la fois culturel et sociétal. Ici, le Vaisseau et le musée zoologique de Strasbourg ont développé des sujets de société en parallèle de leurs expositions temporaires. Il apparaît évident que l’on peut traiter du problème du handicap et de la question de la cécité au musée.  

Bibliographie

• Le Callennec, Sophie, Florent Chapel, Josef Schovanec, et Laurence Lacour, Autisme : la grande enquête, Paris : Éditions des Arènes, 2016.
• Schott, C. (2004). Catalogue et atlas des Coléoptères d’Alsace. Tome 14, Tome 14,. Strasbourg : Société alsacienne d’entomologie : Musée zoologique de l’Université et de la Ville de Strasbourg.

1. Le Callennec, Sophie, Florent Chapel, Josef Schovanec, et Laurence Lacour, Autisme : la grande enquête, Paris: Éditions des Arènes, 2016, p.9. [↩]

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