Sciences : pourquoi les femmes n’arrivent-elles pas à briser le plafond de verre ?

Alors qu’elles sont des élèves modèles et surreprésentées dans les études supérieures, les femmes s’évaporent peu à peu à mesure de l’ascension de la hiérarchie dans les carrières universitaires. Socialisation des femmes et règles de gestion du personnel de la fonction publique à la barre des accusés : l’université est-elle un boys club?

Bien qu’elles investissent en masse les universités avec les mouvements féministes dans les années 1970, la place des femmes reste loin d’être acquise dans le monde universitaire 50 ans plus tard . L’on pourrait se féliciter de leur nombre croissant à des postes à responsabilité dans l’enseignement et la recherche mais il faut admettre que cette progression reste très lente et que les effectifs des professeurs femmes restent faibles comparés à leurs homologues masculins. Il convient alors d’interroger ce constat.

Un métier fait par et pour des hommes

Une première piste de réflexion pourrait être l’histoire de l’institution en elle-même. Crées en Europe au XIIIe siècle, les universités à l’instar d’autres corps d’autres lieux n’y ont admis les femmes que récemment, au XIXe siècle. Un temps pendant lequel l’essence de ce domaine et ses exigences se définissent, le tout en un masculin neutre. Ces éléments se ressentent encore aujourd’hui dans différentes étapes de la carrière des femmes dans ce milieu avec un fond de reproduction sociale : de la formation, aux choix du sujet de thèse ou encore à l’influence des réseaux. Selon le rapport sur la parité dans la recherche, les femmes ne représentaient que 40, 2% des effectifs total des chercheurs dans l’administration en 2019.

Des raisons culturelles…

Les études sociologiques tendent à démontrer que c’est d’une forme de « liberté » et
d’assurance dont les femmes ne bénéficient pas. Ainsi, les femmes sont moins enclines à la mobilité pour les études ou les activités nécessaires au développement du réseau professionnel, comme des communications ou des colloques, ce qui impacte fortement leur accès à des études ou institutions prestigieuses. Ce constat est particulièrement problématique dans ce milieu fortement régi par les relations informelles et où les appartenances institutionnelles sont gage de légitimité et de prestige. Ce qui est mis en évidence ici plus largement c’est l’idée même de socialisation différenciée des hommes et des femmes qui joue au désavantage des femmes. Ce qui peut être aisément illustré par l’exemple la division traditionnelle genrée du travail qui invite les femmes à s’affairer des affaires domestiques et de l’éducation des enfants, des tâches qui représentent une grande charge mentale et qui expliquent des pauses dans leur carrières.

Et institutionnelles

L’autre axe de réflexion est celui du cadre institutionnel. Lorsqu’on s’intéresse à la division du travail selon le genre dans les universités, les rapports statistiques relèvent que les femmes seraient beaucoup plus nombreuses que les hommes aux postes administratifs peu visibles et dépasseraient la recherche au profit de l’enseignement. Elles occupent bien souvent des postes chronophages et peu valorisés. Par ailleurs, les processus de recrutement, les critères de sélection des promotions et l’évaluation par les pairs n’est pas libre de biais sexistes. Ce qui peut expliquer en partie leur faible représentation à des postes à responsabilités ou à des fonctions de direction et d’encadrement.

Bibliographie

• Hermann, C., Delavault, H., Boukhobza, N. (2002). Les enseignantes-chercheuses à
  l’université: Demain la parité. Hongrie: L’Harmattan.
• Frédérique Pigeyre et Mareva Sabatier, « Les carrières des femmes à l’université : une
  synthèse de résultats de recherche dans trois disciplines », Politiques et management public
  [En ligne], Vol 28/2 | 2011, mis en ligne le 19 juillet 2013, consulté le 19 avril 2019. URL :
  http:// journals.openedition.org/pmp/4197
• Bourdieu Pierre, Passeron Jean-Claude — “La reproduction. Éléments pour une
  théorie du système d’enseignement”. In: Population, 27ᵉ année, n°2, 1972. p. 335.
• Ministère de l’enseignement et de la recherche, 2019, “la parité dans la recherche”, en ligne https://publication.enseignementsup-recherche.gouv.fr/eesr/FR/T493/la_parite_dans_la_recherche/, consulté le 30/05/2023
• PIGEYRE Frédérique, VALETTE Annick, « Les carrières des femmes à l’université. « Les palmes de verre du cocotier » », Revue française de gestion, 2004/4 (no 151), p. 173-189. DOI : 10.3166/rfg.151.173-190. URL : https://www.cairn.info/revue-francaise-de-gestion-2004-4-page-173.htm

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